Lettre #8 – Le jour où j’ai décidé de ne pas avoir de regrets

L’autre soir, sur la terrasse d’un bar dans notre rue alors que je mangeais un Pad Thai et que ma peau dégoulinait de sueur, terrassée par la chaleur et l’humidité caractéristiques de l’été à Montréal, Flavien — la personne qui partage ma vie — m’a fait remarquer que j’avais un cheveu blanc.

Alors voilà. Mon premier cheveu blanc. Il a choisi un âge rond pour faire son apparition : trente ans (et demi). Comme un long lien argenté qui nous lie au temps et à la vie qui file. Un témoin de ce que l’on vit et traverse et ici je crois, un témoin de tout ce stress accumulé ces dernières semaines qui vient me rappeler que le corps est le reflet de l’esprit et de ce qui s’y trame, comme le lourd rideau drapé de velours d’un rouge profond masquant l’arrière-scène et tout le tumulte qu’il contient avant de se jouer pour de vrai. Cette année je l’ai donc commencée en ayant eu tout juste 30 ans quelques semaines avant, en décembre 2022. Ce changement d’âge m’a vraiment bousculée, un peu prise par surprise car jusqu’alors je vivais mes anniversaires de manière très légère, répétant à qui voulait l’entendre que c’était chouette de vieillir ! Et cette fois, comme le sifflement assourdissant après un choc qui nous met un peu trop KO : je l’ai très mal vécu et je n’ai pas compris pourquoi. Ce n’était pas uniquement l’âge qui me paralysait à ce moment là mais une dépression qui a recommencé début 2022 — dont je vous reparlerai certainement dans une newsletter dédiée parce que c’est un sujet qui est malgré moi particulièrement présent dans ma vie — et qui me tenait/tient immobile dans tout, y compris dans le futur.

Et puis je suis tombée sur un tweet que je ne parviens plus à vous retrouver mais qui parlait de cette même peur qui avait accompagné le passage aux 30 ans. Le tweet parlait de ce que son autrice avait tout de même fait, que c’est une année où elle a véritablement commencé à prendre soin de soi. C’est fou parce que parfois il suffit d’un tout petit truc pour avoir un minuscule petit déclic pour voir quelque chose un peu différemment : moi c’était ce tweet. Ça n’a pas tout changé, je suis toujours particulièrement frustrée d’avoir quitté les 20 ans mais je commence à m’y faire un tout petit peu et surtout, c’est vrai que ce n’est pas si pire que ça ! Et puis surtout, a-t-on vraiment le choix face à la vie qui passe et aux années qui s’égrènent ? Malheureusement, non.

Au delà de prendre soin de moi, tout récemment j’ai décidé de passer un grand cap et c’est ce dont j’avais envie de vous parler aujourd’hui, pas pour vous étaler mes projets mais peut-être pour vous aider vous aussi à vous filer ce petit coup de pouce et vous pousser vous aussi à vous lancer !

Aujourd’hui on va donc parler de photographie. C’est assez amusant parce que c’est un sujet que j’ai abordé dans mes deux dernières newsletters réservées aux personnes abonnées à ma newsletter payante et ça me donne comme l’impression que mon inconscient savait avant moi de quoi allait être fait la suite de cette année !

J’ai un appareil photo entre les mains depuis longtemps. J’ai 30 ans donc et sans connaître la date exacte, je pense que cela fait au minimum 16 ans (je me base sur la date d’inscription à la plateforme DeviantArt sur lequel j’ai toujours mon vieux profil en ligne… est-ce que c’est le moment où je m’exclame “ÇA NE NOUS RAJEUNIT PAS HEIN !” ?) et jusqu’à il y a un peu plus d’un an je ne m’étais jamais vraiment penchée plus que ça sur le sujet ou alors je m’étais toujours dit que je ne pouvais pas être illustratrice ET photographe, qu’il fallait forcément choisir (en vrai, qui a dit ça ? Personne et pourtant, quelle barrière personnelle sacrément nulle !).

Enfin si : en 2018 j’avais eu l’occasion de photographier deux amis très proches juste après leur PACS (qui était le même jour que mon propre PACS, c’est rigolo) et j’avais trouvé ça trop bien ! Et puis en juin 2022, j’ai photographié Pauline, son adorable mari et leur bébé qui à l’époque était encore bien au chaud dans le ventre protégé par la robe multicolore que portait Pauline ce jour là. Et c’était mille fois trop chouette. Tellement chouette que même tous les superlatifs existants dans notre langue ne seraient pas suffisants. Je me souviens très précisément que après cette après-midi passée ensemble au Jardin Botanique à les photographier et au delà du fait que ce moment fait partie de mes moments préférés de l’an passé, tandis que j’étais dans mon bureau à retraiter les photos je me disais en même temps que vraiment, c’était génial et que ce serait tellement chouette de recommencer. J’avais ressenti alors cette excitation toute particulière que l’on a lorsque l’on fait quelque chose que l’on aime vraiment et c’était si chouette !

Et puis j’ai laissé cette pensée dans un coin de ma tête à cause de cette fameuse barrière illustratrice-photographe. Un peu comme de toutes petites graines que l’on sème au hasard dans la terre en se disant que peut-être, un jour, elles décideront à germer pour devenir de grandes et belles fleurs.

Et puis au début de l’été cette année, j’ai vu une story Instagram passer demandant si quelqu’un connaissait un·e photographe pour faire des photos portrait, après avoir hésité un peu je me suis proposée pour en faire “en essai” pour voir de nouveau si ça me plaisait. Spoiler alert : le sentiment était intact, il y avait encore ce petit bout de magie éprouvé dès que je photographie des gens que je retrouve assez peu ailleurs et qui m’a fait me bousculer un peu moi-même en me disant que vraiment, ce serait trop bête de ne pas essayer de me lancer. J’y pensais depuis quelques semaines, je l’avais vaguement évoqué sur Instagram également et cette toute petite séance photo a été le déclic nécessaire pour que je saute enfin le pas. J’ai acheté un hébergement sur Squarespace pour passer le moins de temps possible sur la partie technique d’achat d’un hébergement, d’installation d’un WordPress… bref tous les trucs que je sais faire en soi mais qui sont franchement longs, qui m’ennuient comme la pluie et par lesquels je n’avais pour une fois pas envie de passer : ce que j’avais envie c’était créer, choisir les couleurs, écrire mes textes, sélectionner les photos à utiliser… et je me suis dit que j’étais sacrément chanceuse de pouvoir “me lancer” en ayant déjà pu m’y essayer avant sans impératif financier, comme un galop d’essai sans la pression d’une réussite derrière. La pression de réussite, elle est maintenant et je dois bien admettre que là j’ai super peur que ça fasse un énorme flop et que ce projet ne me mène pas vraiment à ce que je m’imaginais. On parle rarement de ces côtés là sur internet : on parle beaucoup de l’après quand on a réussi mais rarement du pendant quand on galère et qu’on ignore si ça va nous mener à ce que l’on espère malgré nos efforts. Mais au delà du fait que si j’arrive à faire fonctionner cette nouvelle corde à mon arc, c’est un vrai rayon de lumière qui me procure tellement de joie et d’espoir que je croise fort les doigts d’avoir trouvé la clef pour faire un peu basculer la tendance de ces derniers mois !

Si vous avez envie de faire une mini-pause et d’aller voir à quoi ressemble mon nouveau site, c’est par ici ! Et puis, si vous vivez dans le coin ou que vous prévoyez des vacances à Montréal peut-être que cette nouvelle activité vous intrigue et vous donne envie de vous réserver une séance juste pour vous ?

Mais je crois que peu importe la finalité, ce que je voulais là je l’ai eu : me lancer pour n’avoir aucun regret dans quelques années à me dire “mince j’aurais vraiment dû essayer !”.

Et je crois que vous devriez faire pareil, ou en tout cas sortir ce carton d’un coin de votre tête pour le regarder d’un œil nouveau, que ce soit à propos d’un projet potentiellement professionnel ou un projet personnel (parfois comme pour moi c’est un peu les deux en même temps) pour lui donner une chance ou au moins souffler un peu sur sa poussière et le laisser vivre juste pour voir. Semer quelques graines et voir de quelles couleurs seront leurs fleurs.

De mon côté et comme tellement d’autres personnes, en avoir vaguement parlé en stories sur Instagram il y a quelques semaines a vraiment fait cet effet de souffler sur cette poussière et de montrer cette idée au grand jour. Comme si je m’auto-poussais sur une scène et que c’était déjà une première étape qui commençait à ne plus trop me donner le choix. Alors, dans l’esprit un peu plus privé de cette newsletter je vous propose de partager dans les commentaires juste en dessous (si vous en avez envie bien sûr !) ces petites boîtes à projets que vous n’osez pas trop sortir mais qui vous font quand même vraiment envie… peut-être que de leur faire voir le jour d’internet et les faire lire à d’autres personnes vous donnera ce tout petit élan nécessaire à vous faire vous dire “c’est vrai, c’est trop bête de ne pas essayer !”

Les dernières choses lues/vues/écoutées…

Côté lecture je n’ai pas tant de livres terminés récemment MAIS une exception s’est glissée dans mon quotidien puisque j’attendais avec impatience la sortie de The Quiet Tenant de Clémence Michaillon, son premier thriller écrit en anglais (c’est une autrice française résidant à New York) et… quelle merveille ! Je ne suis pas des plus douées pour résumer un livre et un thriller c’est encore plus difficile pour ne pas le spoiler alors je vous dirai juste de filer le lire si vous lisez en anglais ou de l’acheter dès qu’il sera sorti en français, je l’ai dévoré !

Côté cinéma je suis allée voir Past Lives samedi dernier, le premier film de la réalisatrice Celine Song et j’ai énormément aimé ! C’est un film américano-coréen qui parle d’immigration, de liens entre les personnes et un peu de potentiels regrets et de “What if…?” et si vous avez l’occasion d’aller le voir je vous le recommande vraiment ! Je l’ai trouvé très beau de manière générale et ai passé un super moment devant, il faut vraiment que j’aille plus régulièrement au cinéma ! Enfin je suis allée voir hier soir au cinéma le film Barbie et j’avais taché de lire le moins de reviews possibles à son sujet pour ne surtout pas être biaisée dans mon avis et j’ai vraiment beaucoup aimé ! C’était très drôle et sans être LE film féministe de l’année (comment la barre peut-elle être aussi basse ?), c’est un film qui à mon sens parle beaucoup de sororité tout en tendant un mouchoir à Ken en pleine crise existentielle. J’ai cependant eu le sentiment assez désagréable qu’une fois encore on parlait des hommes pour les rassurer sur leur place dans notre société qui n’est en rien menacée mais on va dire que c’est le propos du film, que si un peu de sexisme inversé peut faire ouvrir les yeux à trois personnes c’est toujours ça de pris et je vais continuer de soupirer dans mon coin j’imagine. Au delà de ça, j’ai passé un vraiment bon moment, j’ai ri à plein de moments (et ai eu une petite boule dans la gorge à deux moments parce que ce serait trop chouette que la sororité dans la vraie vie soit aussi sincère) et si un tel film peut faire hurler les Conservateurs, écoutez tant mieux toute petite victoire est bonne à prendre ! Je me suis cependant demandée à un moment du film si il passait le Test de Bechdel, un test indicateur de sexisme dans les films vouant à mesurer la présence de femmes sans qu’elles ne soient là par rapport à des hommes en répondant aux trois questions suivantes :

– Y a-t-il au moins deux personnages féminins identifiables (qui portent un nom) ?
– Ces personnages féminins identifiés se parlent-elles ?
– Parlent-elles d’autre chose que d’un personnage masculin ?

Si le film répond oui à ces 3 questions, c’est bon ! Faites l’exercice, vous verrez qu’énormément de films ne le passent pas puisque presque 50% seulement le réussissent. Ici… malgré le petite doute eu à la troisième question (il me semble qu’à un moment il y avait une histoire de durée à respecter pour la troisième question mais je ne retrouve plus l’information donc peut-être que non), c’est bon il le passe !

Enfin, côté musique écoutée ce mois ci sans surprise mon compte Spotify a tourné en boucle encore plus que d’habitude sur l’intégralité de la discographie de Taylor Swift qui m’a valu beaucoup de stress et de petit déjeuner pris à 7h devant mon ordinateur à fixer ma place dans une file d’attente… pour finalement avoir réussi à obtenir 4 beaux billets (OMG !!!) pour aller la voir avec ma chère Vickie et nos accompagnants (nos conjoints respectifs) l’an prochain à Lyon, j’ai tellement hâte ! Je croise aussi pas si secrètement les doigts pour qu’elle fasse une date à Montréal pour tenter d’avoir de nouveau des places, espérons

Sur ce nouveau pan de mon été, je vous dis à tout bientôt et vous souhaite de pouvoir bien profiter de ce nouveau mois qui débute !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.